Inde: la tentative de contrôler l'internet est "illégale"
Published by AFP. Pranesh Prakash is quoted.
"Les responsables qui ont été chargés de cela ne connaissent pas suffisamment bien la loi et la technologie moderne", a tancé Pranesh Prakash, un gestionnaire de programmes au sein du Centre de recherche sur l'internet (Centre for Internet and Society), dont le siège est à Bangalore (sud).
"C'est contre-productif. Je les accuse d'incompétence monumentale, le principal problème étant qu'ils sont très mal conseillés", a-t-il ajouté, interrogé par l'AFP.
Le gouvernement a demandé aux fournisseurs indiens de services internet de bloquer 309 pages, images et liens présentant un caractère "malfaisant", postés sur des sites tels que Twitter, Facebook, Wikipedia, la chaîne de télévision du Qatar, Al-Jazeera ou la chaîne australienne, ABC.
Des dizaines de milliers de personnes ont récemment fui les villes de Bangalore et de Bombay pour rentrer dans l'Etat de l'Assam (nord-est).
Cet exode a été déclenché par l'envoi de menaces sur les téléphones portables et l'internet affirmant que les Assamais seraient attaqués par des musulmans après la fin du ramadan, en représailles à de récentes violences interethniques qui ont opposé les deux communautés dans cet Etat reculé de l'Inde.
Dans un communiqué, la chaîne de télévision ABC s'est dit "surprise" des mesures gouvernementales après la demande de retrait d'un de ses reportages sur les violences entre musulmans et bouddhistes en Birmanie.
Vivek Sood, avocat auprès de la Cour suprême et auteur d'une loi sur l'internet, a pour sa part jugé que la démarche du gouvernement était illégale.
"C'est complètement illégal en vertu de de la loi indienne sur les hautes technologies. C'est un abus de pouvoir", a-t-il dit au quotidien The Economic Times.
Le gouvernement a toutefois assuré vendredi que son but n'était pas de restreindre les échanges sur internet.
"C'est un succès. Ces pages étaient une menace à la sécurité nationale de l'Inde et nous avons demandé leur suppression immédiate", a commenté auprès de l'AFP un porte-parole du ministère de l'Intérieur, Kuldeep Singh Dhatwalia.
"La propagation de rumeurs encourageant la violence ou provoquant des tensions ne sera pas tolérée. L'idée n'est pas de restreindre la communication", a-t-il assuré.